6. Progression du coriumSi l’on se réfère à une étude réalisée par l’Oak Ridge National Laboratory qui évoque une simulation d’accident de ce type dans un réacteur à eau bouillante similaire à ceux de Fukushima Daiichi, on sait qu’il suffit de 5 heures pour que le cœur ne soit plus recouvert d’eau, 6 heures pour que le cœur commence à fondre, 6h30 pour que le cœur s’effondre, 7 heures pour que le fond de la cuve lâche, et 14 h pour que le corium traverse une couche de 8 m de béton, avec une progression de 1,20 m par heure (5). On peut donc raisonnablement supposer que la cuve du réacteur 1 de Fukushima Daiichi a été traversée par le corium dès le soir du 11 mars et que cette pâte incandescente est passée sous la dalle dès le 12 mars 2011
Extrait d'une vidéo produite par le ministère Japonais de l'Industrie
Illustrant le processus de fusion du coeur et de percement de la cube
Illustrant le processus de fusion du coeur et de percement de la cube
A gauche le fond de la cuve, rougeoyant. A droite, flaque de corium sur le béton
Le corium (1500 à 2500°) fond, volatilise le béton (qui résiste à 110°), et s'enfonce dans le puits cylindrique qu'il creuse dans le béton.
Les fumées qui s'échappent traduisent la gazéification du béton sous l'effet de la chaleur.
Le pire des cas serait un corium qui s’engouffrerait ou s'enfermerait dans le béton ou le sol, ce qui non seulement offrirait la meilleure forme possible pour conserver son intégrité, augmenterait le nombre de neutrons récupérés, mais en plus, la masse deviendrait, de facto, inaccessible, ce qui le rendrait impossible à refroidir.
C’est ce cas de figure qui semble se produire actuellement à Fukushima pour au moins l’un des réacteurs (n° 1). D’où l’idée de construire une enceinte souterraine qui limiterait la dissémination de la radioactivité dans le sol. Mais Tepco, entreprise privée exsangue, ne paraît pas être pressée de protéger l’environnement car ce projet, s’il était soumis aux actionnaires, ne serait sans doute pas accepté car trop coûteux.
Lors de l’accident de Tchernobyl, les Soviétiques n’avaient pas hésité à construire une dalle de béton sous le réacteur pour empêcher la descente du corium. Pourquoi les Japonais n’ont pas fait la même chose ? Peut-être à cause du coût, peut-être à cause de la présence de l’eau, peut-être parce que c’était trop tard ?
Dans la vidéo suivante, vous trouverez un film réalisé lors de l'expérience Vulcano, menée sous l'égide de l'Institut de Radioprotection et de Sécurité Nucléaire (IRSN), pour étudier l'effet d'un corium, porté à 2000°C sur un support en béton. Les expérimentateurs ont reconstitué la composition de ce corium en mélangeant des oxydes d'uranium 238 (non fissile) et des débris de des gaines en zirconium, le tout étant fondu et porté à une température de 2000°C par chauffage HF. Cette sorte d'ébullition lente qu'on voit correspond au dégagement gazeux lié à l'attaque du béton par ce corium. Vous avez donc sous les yeux ce qui peut être à l'oeuvre sur les radiers des réacteurs de Fukushima, si le béton dont ceux-ci sont constitués se trouve attaqué par une masse de corium, dont la forte température serait alors entretenue par des réaction de fission, avec une certaine criticité. Celle-ci ne se produira que si une masse suffisante de corium s'es écoulée des cuves perforées, quantités inévaluables, faute de pouvoir y aller voir de près. Mais a priori les quantités de corium correspondant aux chargement des réacteurs est bien supérieure au chargement du réacteur de Tchernobyl. Comme on pourra le lire dans les articles mis en lien, quand cette fusion du béton s'amorce, le corium "s'autoconfine" et sa descente dans ce matériau, qui peut atteindre 1,2 mètres par jours, est illimitée. En fin dr vidéo on voit nettement comment ce corium s'est enfoncé dans un béton qu'il a volatilisé. Ceci invalide une phrase d'un responsable de l'ASN françaises (autorité de sûreté nucléaire) qui disait "il ne faut pas dramatiser. Il y a quand même 8 mètres d'épaisseur de béton !". Une remarque dénué de pertinence.
Gazéification du béton par un corium à 2000°C
Extrait d'un documentaire en japonais, non sous-titré, décrivant la construction de la centrale :
" Quand les gens bâtissaient les cathédrales ...."
Bernard Bigot en vidéo : " sans confiance, il n'y a pas d'avenir possible "
On pourrait inverser la proposition :
" Avec un avenir aussi problématique, il n'y a pas de confiance possiblel "
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