Arnie Gundersen, qui s'est occupé dans sa carrière de la fabrication des éléments combustibles et de leur conditionnement recense les dangers inhérents à cette opération de récupération et de déplacement des éléments combustibles usagés.
A l'arrière plan, les casiers où se trouvent stockés les unités d'éléments combustibles
Recensons les remarques d'ordre technique évoquées dans sa vidéo, où Arnie Gundersen conteste toujours violemment les compétences de la société TEPCO.
Cette image montre le système de stockage des unités d'éléments combustibles, constituées par des ensembles de tubes de zircaloy (une centaine) contenant des petits cylindres d'oxyde d'uranium (ou de plutonium, quand il s'agit de MOX).
Les unités sont stockées dans des casiers, dont les parois contiennent un absorbeur de neutrons, le bore
Il s'agit d'une image de synthèse. Barrant chaque casier, la poignée métallique qui permet leur manipulation, et dans le cas présent, leur extraction. Ces parois contenant du bore (souligné en jaune) joue le même rôle que les "barres de contrôle" dans les réacteurs à eau bouillante. Il ne s'agit pas de barres, mais d'éléments cruciformes, qui sont montés et descendus depuis la partie inférieure de la cuve, percée de 96 orifices, à l'aide de vérins hydrauliques. Ci-après, la disposition schématique de ces éléments, lorsqu'ils sont enfilés entre les éléments combustibles :
Le positionnement des écrans au bore, pour stopper les réactions nucléaires.
Placés ainsi, ils absorbent les neutrons de fission. Le libre parcours moyen des neutrons émis étant supérieur à la taille de la cellule, ceux-ci ne créent pas de réactions secondaires et son absorbés par ces écrans amovibles. C'est quand on les descend, très progressivement, que le réacteur est le siège de réactions en chaîne, sous contrôle.
Dans la piscine de stockage les parois de stockage, riches en bore, jouent le même rôle. Comme les éléments combustibles sont quand même assez serrés les uns contre les autres, s'il n'y avait pas ces cloisons, il y aurait risque de criticité. Gundersen jette le doute sur l'intégrité de ces cloisons boratées, en disant qu'elles peuvent avoir été attaquées par l'eau salée, et de toute manière dégradée lorsque la température de l'eau de la piscine était montée. Pour éviter ce risque, TEPCO a mis un maximum de bore dans l'eau. Le bore est un métalloïde léger. Il sera dissous dans l'eau sous forme de borate.
Le risque, c'est la rupture de "gaine", de ces tubes en Zircaloy qui contiennent les pastilles de combustibles et maintenant des déchets de toute nature. Gundersen cite le Krypton 85, émetteur d'une radioactivité béta, dont la période est de 17 années. C'est un gaz lourd, 3,7 fois plus dense que l'eau. Je ne sais pas comment il se comporte s'il est émis dans l'eau de la piscine en cas de bris d'un des tubes contenant ces déchets. Il semble que cela explique pourquoi l'opération de mise dans un container s'effectue sous eau.
Il y a 1300 éléments combustibles usagés à extraire, qui ont tous séjourné quatre ans dans le coeur du réacteur. Le bombardement par des neutrons a provoqué des transmutations dans le matériau de leurs berceaux, et Gundersen dit qu'ils sont fragilisés. A quel point ? Il ajoute que les casiers qui les contiennent son déformés et que leur extraction pourra s'avérer problématique et compare cela à l'extraction de cigarette d'un paquet qui aurait été déformé.
Ce sont là l'évocation des risques inhérents à l'opération. Y aurait-il eu un autre moyen de procéder. Gundersen ne le dit pas. Il émet des doutes quant à la compétence du personnel de TEPCO et dit que cette société n'a ni les compétences, ni l'envergure pour gérer une telle tâche et que le Japon aurait du faire appel à des spécialistes étrangers. Et là on touche à un point clé de la mentalité japonaise en général : le refus que des étrangers viennent se mêler de leurs affaires.
Que dire d'autre ?
Wait and see
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